Aujourd’hui, on va parler de la dernière oeuvre de Tatsuki Fujimoto (Fire Punch, Chainsaw Man) : Look Back.
Look Back est un one-shot publié en ligne le 19 juillet 2021 sur le site Shônen Jump+. Il fut disponible gratuitement sur l’application « MANGA Plus » mais a disparu récemment pour laisser place à une version papier éditée par Shūeisha (Kazé en France) et sortie ce 9 mars 2022.
« Don’t look back in anger »
Nous allons parler de l’entièreté de l’histoire donc si tu ne veux pas te faire spoiler, je te conseille de lire cet article quand tu auras lu le one-shot !
L’histoire tourne autour de deux jeunes filles : Fujino et Kyômoto. Enfants au début de l’histoire, elles se lisent d’amitié à travers leur passion pour le dessin. Fujino est une jeune fille surdouée et sûre d’elle alors que Kyômoto est plutôt réservée et retranchée dans sa chambre. Durant leur scolarité, elles collaborent sur des histoires courtes en duo et peu à peu Kyômoto s’ouvre au monde, laissant sa phobie sociale derrière elle.
À la fin du lycée, une proposition leur est faite : travailler ensemble sur une série, c’est alors qu’un fossé va se créer entre les deux jeunes femmes puisque Kyômoto souhaite poursuivre ses études en fac d’art, et même si Fujino tente de la dissuader, Kyômoto va s’engager dans cette voie.
Des années passent et Fujino travaille sur sa série pendant que Kyômoto étudie, mais un évènement va tout chambouler : la mort de Kyômoto, tuée dans son université par un homme armé qui accusait quiconque se trouvant sur son chemin d’avoir plagié son travail.
Fujino va alors s’en vouloir et se sentira même fautive de la mort de son amie en prenant pour cause quelques cases dessinées lorsqu’elles étaient à l’école primaire. Elle va alors s’imaginer comment l’avenir se serait déroulé si elle n’avait pas poussé Kyômoto à s’ouvrir au monde extérieur et si elle l’avait sauvée de son destin funeste à la manière du héros de sa série. Et alors qu’elle se morfond, Fujino regardera la dernière page de son dernier manga publié avec d'inscrit : « à suivre dans le tome 12 », il faut avancer vers l'avenir.
L’écho avec la vie réelle
Le nom des deux protagonistes (Fujino et Kyômoto) est un mix du nom de famille de l’auteur : Fujimoto. De plus, elles sont toutes deux mangaka.
L’événement lié à la mort de Kyômoto fait écho à une tragédie survenue au Japon le 18 juillet 2019 : l’incendie criminel de Kyoto Animation où 36 personnes ont perdu la vie et 34 autres ont été blessées, dont le suspect. L’auteur des faits a crié « Escroquerie, plagiat » et expliqua par la suite qu’il accusait la studio d’animation de lui avoir volé un roman et de l’avoir plagié. La publication du one-shot a, d’ailleurs, pour date le 19 juillet 2021, soit presque deux ans jour pour jour après la tuerie.
« L'impression de ressentir des émotions qui ne me quitteront jamais. » - Tsubasa Yamaguchi (Blue Period)
Fujimoto s’éloigne pour une fois du gore et de l’action pour se pencher sur le drame et cela fonctionne brillamment. Il arrive à nous faire ressentir une multitude d’émotions en 140 pages, pari assez risqué pour un one-shot où, normalement, on a pas toujours le temps de s’attacher aux personnages.
C’est un 9/10 pour ma part. Je suis très sensible à ce genre d’histoire, d’où la note extrêmement haute pour un scénario aussi court. Les deux protagonistes sont très attachantes et le one-shot aborde des thèmes pas toujours ou peu représentés dans les mangas, comme les femmes mangaka ou hikikomori (syndrome d'isolement particulièrement extrême chez les personnes qui en souffrent : elles vivent cloîtrées chez elles, retirées de toute forme de vie sociale.)
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